Sophie de Villeneuve Catholiques et orthodoxes, avons-nous les mĂȘmes saints ?Michel Evdokimov Je prie saint François d'Assise, sainte ThĂ©rĂšse de Lisieux, saint Vincent de Paul⊠En Russie, on pourrait citer saint SĂ©raphin de Sarov, saint Serge de RadonĂšge⊠Un Ă©vĂȘque russe, un mĂ©tropolite, disait que les saints passent par dessus les murs qu'il y a entre nos Ăglises, et qu'ils se rejoignent les uns les autres. Je crois qu'il y a lĂ quelque chose de trĂšs fort. Ă quoi servent les saints ? J'ai d'abord envie de vous dire qu'ils ne servent Ă rien ! Les hommes de ce monde sont soumis Ă la consommation, Ă l'argent, au travail, Ă des idĂ©es politiques⊠Les saints, eux, sont ailleurs. Ils ne servent Ă rien dans ce monde, mais ils portent ce monde dans leurs priĂšres. Un saint qui a de la lumiĂšre dans le cĆur illumine le vous, qu'est-ce que c'est qu'un saint ?M. E. Nous sommes tous appelĂ©s Ă la saintetĂ© ! Si nous Ă©tions davantage ouverts Ă la grĂące, si nous allions sur le chemin que Dieu a tracĂ© dans notre vie, nous serions des saints, comme tous ces saints que je viens de citer et dont la saintetĂ© dĂ©passe l' saints, ce sont des hommes et des femmes qui ont tout quittĂ©, qui se sont mis un peu Ă l'Ă©cart du monde ?M. E. Que veut dire tout quitter ? Un homme mariĂ© qui a une aventure en dehors de son mĂ©nage, lui aussi, quitte tout. Un moine du dĂ©sert, ArsĂšne, s'Ă©tait retirĂ© dans la solitude du dĂ©sert. Il disait "Je suis coupĂ© de tout, sĂ©parĂ© de tous les hommes, et en mĂȘme temps, je suis uni Ă tous les hommes." Il vivait pour le monde, il priait pour le monde. Nous ne prions pas pour le monde comme eux, parce que nous avons nos activitĂ©s. Le saint, lui, donne tout son cĆur, son corps, son Ăąme, son esprit, son amour, dans l'Ćuvre que Dieu lui a demandĂ© d' a-t-il des saints qui peuvent tout donner aussi dans la vie quotidienne, sans pour autant aller vivre dans le dĂ©sert ?M. E. Bien entendu. Dans l'Ăvangile, prenez Marie-Madeleine. C'Ă©tait une femme de mauvaise vie, et d'ailleurs Simon reprochait Ă JĂ©sus de lui parler. Cette femme pleure sur les pieds de JĂ©sus, elle verse un parfum sur ses pieds et les essuie avec ses cheveux. C'est une femme qui a changĂ©. On pense trop souvent Ă l'aspect moral de la saintetĂ©. Mais il ne s'agit pas de morale, du tout ! Il s'agit de se convertir, de changer, de se transformer, de se transfigurer. A partir du moment oĂč elle a rencontrĂ© JĂ©sus, Marie Madeleine devient chaste. Tout peut toujours basculer dans un sens ou dans un autre. C'est dans sa vie quotidienne que cette femme a vĂ©cu cette le saint, c'est celui qui change radicalement ?M. E. Le saint se convertit avec le secours de Dieu. Il ne change pas tout nous, qui n'avons pas changĂ© comme nous le devrions, quel compagnonnage pouvons-nous avoir avec ces saints ?M. E. Ils ont vĂ©cu des choses proches de ce que nous vivons. Saint François d'Assise est un grand saint Ă©cologique. Il a domptĂ© le loup de Gubbio, a prĂȘchĂ© aux animaux⊠Par sa saintetĂ©, son combat contre les passions, contre tout ce qui nous encombre dans notre vie, par son amour pour l'univers, il a retrouvĂ© la puretĂ© d'Adam au paradis. Les animaux sauvages, l'ours de saint SĂ©raphin de Sarov, le loup de saint François, deviennent des animaux "gentils", proches des ĂȘtres humains. L'Ă©cologie, tout Ă fait estimable et mĂȘme nĂ©cessaire, est bĂątie sur un fondement matĂ©riel. Tandis qu'avec saint François, saint SĂ©raphin, saint JĂ©rĂŽme, qui avait liĂ© amitiĂ© avec un lion en lui arrachant une Ă©pine de la patte, la nature retrouve ce qu'elle Ă©tait Ă un moment revient Ă l'Ă©tat initial ?M. E. Oui. Nous sommes lĂ pour retrouver cet Ă©tat initial. C'est le but de notre vie faire que JĂ©sus, l'Esprit saint, soient rĂ©pandus dans le monde, dans le cĆur des hommes⊠C'est ce qui nous est demandĂ©. Mais il y a un grand mystĂšre dans la saintetĂ©, c'est qu'on ne reconnaĂźt pas toujours les effet, les sĆurs de ThĂ©rĂšse de Lisieux n'ont pas vu sa E. Oui, pour elles, il Ă©tait impensable que ThĂ©rĂšse soit une sainte. De mĂȘme saint Silouane pour ses frĂšres du Mont Athos. Et le grand mystĂšre, c'est que ces saints sont connus dans le monde entier. Lors d'une confĂ©rence que l'on m'avait demandĂ© de faire sur sainte ThĂ©rĂšse, du point de vue orthodoxe, l'Ă©vĂȘque Mgr Gaucher l'ancien Ă©vĂȘque auxiliaire de Bayeux-Lisieux, ndlr m'a racontĂ© avoir accompagnĂ© les reliques de ThĂ©rĂšse en Russie, jusqu'au fin fond de la SibĂ©rie. Il Ă©tait encore tout Ă©tonnĂ© de la foule immense de gens qui venaient se prosterner devant ces reliques. MĂȘme chose pour saint Silouane, qui n'avait jamais quittĂ© son saints ont donc une aura particuliĂšre, un E. L'Esprit saint est en eux et rayonne tout autour d' saint orthodoxe du XXe siĂšcle aimeriez-vous faire dĂ©couvrir aux catholiques ?M. E. Un saint qui n'est pas encore canonisĂ© le pĂšre Alexandre Men. Je crois que c'est un trĂšs grand saint. Pour moi, il y a encore deux autres grands saints de notre temps Dietrich Bonhoeffer, un pasteur protestant, et mĂšre Teresa. Il y a des saints parmi nous. On ne les reconnaĂźt pas toujours. Il faut pour cela un regard capable de discerner et de comprendre ce qui se regard capable de voir l'Esprit chez celui qui vous E. Oui, et qui est tout prĂȘt Ă partager cet Esprit avec vous.
pIek.