2Corinthiens 3:6 Il nous a aussi rendus capables d'être ministres d'une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l'esprit; car la lettre tue, mais l'esprit vivifie. Paul veut dire qu'aucun homme n'est capable de donner des explications sur tout ce est spirituel s'il ne reçoit pas l'Esprit du Christ. Abstract Index Outline Text Notes References Author Abstracts Le phénomène de relecture des Écritures n’est pas propre au Nouveau Testament. Il était déjà à l’œuvre dans l’Ancien et se poursuivra dans la théologie chrétienne. La figure de l’Alliance nouvelle en est une belle illustration. En Jr 38,31-34, selon la Septante, sa nouveauté est son caractère intériorisé. Dans Jr 31,31­34, selon le Texte massorétique, l’accent est mis en retour sur le caractère éternel de l’engagement du Seigneur. En Hébreux, la pointe de l’argumentation porte sur le caractère à la fois décisif et unique de l’alliance scellée par le sang du Christ. Avec Thomas d’Aquin enfin, on passe d’une théologie de l’imminence He 10,37 à une théologie de chrétienté faite pour durer dans un monde dont elle assure la cohérence de la pensée. Revisiting the Scriptures is not a privilege of the New Testament. That practice was already common in the Old Testament and was to be continued in Christian theology. The figure of the New Alliance is a perfect example. In Jr 38, 31-34, in the Septuagint, the novelty is its interiorized character. In Jr 31, 31-34, in the massoretic text, what is emphasized is the eternal character of the commitment of the Lord. In the Letter to the Hebrews the core of the argument bears on the simultaneously decisive and unique character of the Alliance sealed by the blood of Jesus-Christ. Finally with Thomas Aquinas, a theology of imminence He 10,37 is replaced by a theology that is to last for long years in a world where that theology guarantees the coherence of of page Full text 1 P. Buis, La notion d’alliance dans l’Ancien Testament, Paris, Éd. du Cerf, 1976 ; A. Jaubert, La no ... 1Le thème de l’Alliance a été étudié à de multiples reprises, notamment par P. Buis pour l’Ancien Testament et par A. Jaubert pour le judaïsme intertestamentaire1. Aussi rien ne sera dit ici sur le riche lexème hébraïque berît ni sur les verbes karat et natan, qui le plus souvent l’accompagnent. Le présent article est consacré à la seule alliance nouvelle » et plus précisément à la citation de l’oracle de Jérémie 31,31-34 dans l’épître aux Hébreux 8,8-12 et 10,16-17 et à son étude par Thomas d’Aquin dans le Commentaire de cette épître. Il nous paraît en effet judicieux de considérer non seulement l’affirmation, dans la grande homélie christologique néotestamentaire », de l’accomplissement de l’oracle jérémien, mais aussi l’aval de cette affirmation dans la pensée d’un auteur qui a incontestablement marqué la théologie chrétienne. Notre article comprend donc deux parties la première consacrée à l’affirmation par l’épître aux Hébreux de l’accomplissement christique et la deuxième à l’exégèse de cette même épître par Thomas d’Aquin. I. Les citations de Jérémie 31 38, 31-34 dans l’Epitre aux Hébreux 1. La source 2 B. Renaud, Nouvelle ou éternelle alliance ? Le message des prophètes, Paris, Éd. du Cerf, 2002, p. ... 2Seul dans l’Ancien Testament, Jérémie avait annoncé une alliance nouvelle ». En revanche, l’alliance noachique de Gn 9 et l’alliance abrahamique de Gn 17 », écrit B. Renaud, sont présentées comme des alliances éternelles berît ôlam2 ». Le livre de Jérémie présente une deuxième particularité la version de la Septante LXX y est plus courte de mots environ que celle du texte massorétique TM. Enfin, si la LXX et le TM parlent également d’une alliance nouvelle et insistent sur son caractère permanent, ils n’articulent pas de la même façon ces deux aspects. 3Pour la LXX, le Seigneur avait fait preuve de désintérêt envers les pères » parce qu’ils n’étaient pas demeurés dans l’alliance. Mais il n’en rejette pas pour autant Israël. Il veut même conclure une nouvelle alliance » inscrite dans les cœurs et marquée par l’intériorisation. A Israël d’entrer dans ce projet divin de nouvelle alliance » ; alors il y aura pour lui une nouvelle raison d’espérer, malgré tout. 3 Voir Lévitique et Ps 106,30. 4 En Jr 33,18 TM, nous lisons Il ne manquera jamais aux prêtres lévitiques des hommes qui se tien ... 5 Jr 31, 35 TM se réfère aux lois cosmiques d’organisation immuable du cosmos et Jr 38, 35 LXX aux lo ... 6 Bogaert, Le livre de Jérémie en perspective les deux rédactions antiques selon les travau ... 4Le TM marque beaucoup plus nettement le contraste entre, d’un côté, le caractère éternel de la fidélité du Seigneur envers Israël et, de l’autre, la responsabilité exclusive du peuple dans la rupture, laquelle cependant n’est pas irrémédiable, puisque Dieu promet la remise des péchés. Ici, on ne peut pas ne pas penser au système d’expiation des fautes mis en place dans le cadre du code sacerdotal3. De davidique, l’alliance avec Dieu est devenue sacerdotale4. Avec Bogaert5, nous lisons Jr 31,35-37 TM et sa modification par rapport à Jr 38,35-37 LXX en lien étroit avec la longue addition6 favorable à la dynastie et au sacerdoce Jr 33,14-26 TM que ce fragment annonce. 7 Voir Sonnet, Inscrire le nouveau dans l’ancien. Exégèse intra-biblique et herméneutique de ... 5Le phénomène de relecture des Ecritures ne date pas du Nouveau Testament. Il était déjà à l’œuvre dans l’élaboration et la transmission de l’Ancien7. L’épître aux Hébreux, marquée par l’événement pascal, articule les deux aspects de permanence et de nouveauté selon une disposition qui lui est spécifique. 6Alors qu’il ne fait qu’une seule mention de l’alliance éternelle » He 13,20, le Nouveau Testament reprend plusieurs fois l’expression alliance nouvelle ». Si les textes témoins sont peu nombreux, ils sont fondamentaux. Ils se situent principalement dans l’épître aux Hébreux et dans les récits de la Cène, sans oublier 2 Co 3,6 [Dieu] nous a rendus capables d’être ministres d’une alliance nouvelle, non de la lettre, mais de l’esprit ; car la lettre tue, mais l’Esprit vivifie ». 8 S. Benetreau, L’épître aux Hébreux, Vaux-sur-Seine,Édifac, t. 2,1990, p. 85. 9 L’auteur se sert de la polysémie de diathêkë pour réaliser un glissement sémantique, temporaire, à ... 10 Le grec dispose de deux adjectifs pour exprimer la nouveauté. Bien que C. Spicq estime qu’ ils son ... 7Il reste que, dans le Nouveau Testament, c’est dans notre épître que le mot alliance » diathêkê est le plus fréquent. Il y figure 17 fois8. Plus précisément, le mot diathêkê, employé 2 fois en annonce He 7,22 et 8,6, se trouve 4 fois dans la longue citation de Jr 3138, 31-34 en He 8,8-12 ; il est ensuite repris 11 fois dans cette même épître. La Traduction Œcuménique de la Bible TOB le rend 15 fois par le mot alliance » et 2 fois par le mot testament » He 9, L’expression proprement dite diathêkê kainê alliance nouvelle intervient 3 fois 2 fois explicitement He 8,8 ; 9,15 et une fois implicitement He 8,13. On en rapprochera l’emploi de l’expression diathêkê nea une alliance neuve/jeune en He 12,24, tout en maintenant une distinction de sens10. 3. La place des citations de Jérémie 3138, 31-34 dans Hébreux 11 S’ajoute un épilogue He 13, 20-25 qui ne fait pas partie de l’homélie proprement dite. 12 Nous suivons, pour l’essentiel, A. Vanhoye, La structure littéraire de l’épître aux Hébreux, Paris, ... 8L’homélie, qui constitue la quasi-totalité de l’épître aux Hébreux11, comprend un prologue 1,1-4 et cinq parties12 a Le Christ est situé par rapport aux anges, à Dieu et aux hommes 1,5­2,18 ;b Jésus est le grand prêtre digne de foi et miséricordieux 3,1-5,10 ;c Le sacerdoce et le sacrifice du Christ ont une valeur sans égale 5,11­10,18 ;d Persévérez dans la foi ! 10,19-12,13 ;e Vivez sur des pistes droites ! 12,14-13,19. 9La première citation de Jérémie 31,31-34 se trouve donc dans la troisième partie le sacerdoce et le sacrifice du Christ ont une valeur sans égale » 5,11-10,18. Après une longue invitation à prêter attention 5,11-6,20, cette troisième partie est elle-même subdivisée en trois sections. 10La première section 7,1-28 présente un exposé initial sur la supériorité du sacerdoce de Jésus comparé au sacerdoce lévitique. 11La deuxième section 8,1-9,28 indique en quel sens et de quelle façon le Christ est arrivé à la perfection ». Annoncée par le mot-crochet alliance », qui est répété 8, la première citation de Jérémie 31,31-34 est insérée dans cette section, plus précisément même dans la sous-section 8,7-13. Ensuite, 9,1-28 compare longuement la mort de Jésus au rituel du Jour du Grand Pardon. Hébreux trace un parallèle entre le grand prêtre, qui entre chaque année dans le Saint des Saints avec le sang des boucs et des taureaux, et Jésus, qui entre une fois pour toutes dans le sanctuaire divin avec son propre sang, scellant ainsi la nouvelle alliance. 12La troisième section 10,1-18 clôt cette troisième partie en rappelant que Dieu préfère l’obéissance à une multiplicité de sacrifices. C’est cette obéissance qui entraîne l’efficacité parfaite du sacrifice du Christ pour nous délivrer de nos péchés une fois pour toutes » 10,10.Nos péchés sont maintenant pardonnés, comme le souligne la reprise partielle de la citation jérémienne en 10,16-17 ; mais, maintenant aussi, revers de la médaille, il n’y a plus d’offrande pour le péché. Avant d’étudier 10,16-17, revenons à la première citation de Jérémie en He 8,8-12. 4. La citation de Jérémie 31 38, 31-34 en Hébreux 8, 8-12 13 S. Kistmaker, The Psalm Citations in the Epistle to the Hebrews, Amsterdam, Van Soest, 1961, p. 40- ... 14 La teleiôsis vise en fait la qualité de prêtre sauveur acquise par le Christ du fait de sa Passio ... 13Hébreux suit de très près le texte de la Septante13. La seule différence de quelque importance se lit dans le premier verset kai suntelesô epi ton oikon Israêl je conclurai avec la maison d’Israël, alors que la LXX écrit kai diathêsomai tôi oikôi Israël je m’allierai à la maison d’Israël. Dans les trois versets repris de Jr 3138,31-33, l’auteur d’Hébreux transpose trois fois différemment le diathêsomai de la LXX d’abord en suntelesô je conclurai v. 8, puis en epoiêsa je fis v. 9 et enfin en diathêsomai je m’allierai v. 10. Il est vraisemblable que, pour la première des trois traductions du verbe exprimant la conclusion de l’alliance, l’auteur a choisi un équivalent linguistique, suntelesô, rappelant l’idée, importante pour lui, de la teleiôsis14 action de parfaire, accomplissement He 7,11. 15 Spicq, L’épître aux Hébreux, vol. 11, 1953, p. 243. 16 La loi dans l’épître aux Hébreux », dans Focant éd., La Loi dans l’un etl’autre Test ... 17 Tout en restant globalement très fidèles à la LXX, les manuscrits d’Hébreux présentent entre eux qu ... 14Le texte d’Hébreux présente quelques autres différences mineures avec la LXX. Mais seule l’omission de dôsô après didous donnant 8,10 est intéressante sur le plan théologique, car elle a pour effet de séparer l’expression donnant mes lois » des compléments de lieu qui la suivent. C. Spicq n’est pas de cet avis quand il traduit Donnant mes lois dans leur entendement / Et dans leur cœur je les inscrirai15 ». Mais, demeurant fidèle au texte grec, A. Vanhoye propose En donnant mes lois / c’est dans leur pensée et dans leurs cœurs que je les inscrirai16 ». Cette intelligence du texte est plus apte à expliquer l’inversion en He 10,16 des compléments de lieu - pensée et cœurs -en rapport l’un et l’autre avec le même verbe, epigrapsô j’inscrirai17. 15Ne différant de la traduction donnée par C. Spicq dans la Bible de Jérusalem que par le rattachement des compléments de lieu au verbe epigrapsô j’inscrirai He 8,10, la TOB donne la traduction suivante d’A. Vanhoye 8 En fait, c’est bien un reproche qu’il leur adresse Voici des jours viennent, dit le Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une alliance nouvelle,9 non pas comme l’alliance que je fis avec leurs pères, le jour où je les pris par la main pour les mener hors du pays d’Egypte. Parce qu’eux-mêmes ne se sont pas maintenus dans mon alliance, moi aussi je les ai délaissés, dit le Car voici l’alliance par laquelle je m’allierai avec la maison d’Israël après ces jours-là, dit le Seigneur en donnant mes lois, c’est dans leur pensée et dans leurs cœurs que je les inscrirai. Je deviendrai leur Dieu, ils deviendront mon Chacun d’eux n’aura plus à enseigner son compatriote ni son frère en disant Connais le Seigneur ! car tous me connaîtront, du plus petit jusqu’au plus grand,12 parce que je serai indulgent pour leurs fautes et de leurs péchés, je ne me souviendrai En parlant d’une alliance nouvelle, il a rendu ancienne la première ; or ce qui devient ancien et qui vieillit est près de disparaître. 18 Le Dieu de la nouvelle alliance dans l’épître aux Hébreux », dans J. Coppens éd., La ... 16L’auteur d’Hébreux intègre réellement les trois caractéristiques de la nouvelle alliance annoncée par Jérémie loi intérieure, relation personnelle avec Dieu, pardon des péchés18, puisqu’il rapporte, sans l’interrompre, le long oracle de Jr 3138,31-34. Pourtant ce qui l’intéresse au premier chef, c’est le constat du vieillissement de l’ancienne alliance He 8,13. Le message jérémien du salut à venir, présenté comme un reproche explicite He 8,7, est recontextualisé dans l’affirmation du fondement de l’alliance nouvelle ayant donné sa propre vie pour ses frères, le Christ est le vrai médiateur. En He 10,18, la dure conséquence de cette affirmation est tirée de la reprise partielle de Jr 31,31-34. 5. La reprise de la citation de Jr 31 38, 31-34 en He 10, 16-17 17Les différences entre la citation de Jr 3138, 31-34 en He 8,8-12 et sa reprise en He 10,16-17 sont assez importantes. Outre que l’auteur omet la plus grande partie des versets du texte-source, il remplace certains mots. Nous n’en sommes plus au même point de l’argumentation. La TOB traduit ainsi C’est ce que l’Esprit Saint nous atteste, lui aussi. Car après avoir dit Voici l’alliance par laquelle je m’allierai avec eux après ces jours-là, le Seigneur a déclaré En donnant mes lois, c’est dans leurs cœurs et dans leur pensée que je les inscrirai, et de leurs péchés et de leurs iniquités je ne me souviendrai plus. He 10,15-17. 18Cette traduction prête à discussion. Elle rend en effet le présent legei du texte originel par un passé composé il a déclaré ». Par ailleurs ce legei kurios est la proposition principale d’une phrase commençant par la subordonnée infinitive méta gar to eirêkenai après avoir dit. Ici, la pointe de l’argumentation s’est déplacée par rapport à He 8,8-12. Il y a déjà un acquis l’instauration de l’alliance nouvelle, argumentée en He 8,1-9,28. Nous devons maintenant prendre conscience de ce que cette instauration implique. Nous sommes devant un beau cas de mutation de la pointe d’une citation en fonction d’une contextualisation nouvelle, auquel nous rend sensibles une structure grammaticale différente ce qui, dans le texte cité, était une réflexion conclusive - de leurs péchés et de leurs iniquités je ne me souviendrai plus » - devient, dans le texte citant, la proposition principale. 19Selon Jr 3138, 31-34, faut-il le rappeler, l’alliance nouvelle est fondée sur le pardon divin. Dieu ne se souvient plus des péchés, il les efface. Il offre ainsi à son peuple un avenir nouveau. Le TM met l’accent sur le fait que c’est grâce aux prêtres et à la fête de Kippour que Dieu pardonne et que l’alliance peut donc perdurer, malgré les manquements humains. 20Or l’auteur d’Hébreux voit les choses différemment. Après avoir cité Jr 31,34, il commente aussitôt ce verset dans les termes suivants Là où il y a eu pardon, on ne fait plus d’offrande pour le péché » He 10,18. Il en tire plus loin la conclusion Si nous péchons délibérément [...] il ne reste plus pour les péchés aucun sacrifice, mais seulement une attente terrible du jugement » He 10,26 s, rappelant l’anathème initial de He 6,6. La recontextualisation de Jr 3138,34 par l’épître est dure à entendre pour les destinataires mais ce qui doit les maintenir dans la foi, c’est que la Parousie est toute proche He 10,37. Il convient de tenir bon jusque-là. 6. La mutation de la figure de l’ alliance nouvelle » dans Hébreux 19 C. Spicq, La théologie des deux alliances dans l’épître aux Hébreux », Revue des Sciences Philoso ... 21La grande originalité de l’épître aux Hébreux dans la théologie de l’alliance est d’avoir rattaché celle-ci au sacerdoce et au sacrifice du Christ. Le culte chrétien s’exprime dans le sacrifice eucharistique. La nouvelle alliance purifie les consciences. Elle est stable et éternelle 12,28. Inscrite dans l’esprit et le cœur, elle est l’union personnelle de chaque âme avec Dieu. Elle est une science mystique de Dieu19. 22Dans 8,7-13 et 10,16-17, l’intertextualité est mise au service d’une démonstration, celle de l’imperfection de la première alliance, à laquelle s’oppose le caractère décisif et non-réitérable de la nouvelle. L’oracle sur l’ alliance nouvelle » passe du statut de prophétie annonçant au peuple d’Israël des jours meilleurs vers celui de preuve rhétorique invitant à tenir bon, sans défaillance. 20 Ibid., p. 26. 21 Michaud, L’épître aux Hébreux aujourd’hui », dans M. Gourgues et L. Laberge éd., De bie ... 23Jérémie, constatant la faillite de l’ancienne alliance, concluait qu’il y en aurait une nouvelle. Par une démarche inverse, Hébreux, après avoir déduit de l’excellence du médiateur l’excellence de la nouvelle alliance20, infère, de la perfection même de cette dernière, son caractère non réitérable. Le Christ réalise la visée des sacrifices, non par un acte rituel renouvelable à volonté, mais par l’acte existentiel du don de sa propre vie21, par définition unique. 24C’est pourquoi la répétition rituelle n’est plus la garantie de la permanence mais le signe de l’échec. L’auteur proclame nous avons été sanctifiés par l’offrande du corps de Jésus Christ, faite une fois pour toutes » 10,10. Ce une fois pour toutes » a deux aspects d’une part, il est décisif ; d’autre part, il ne laisse pas de deuxième chance. La mutation apportée à la figure de l’ Alliance nouvelle » est le reflet d’une situation historique précise le reflux des communautés chrétiennes, auquel répond l’adjuration insistante Ne désertons pas nos assemblées » 10,25. 25L’exhortation d’Hébreux repose aussi sur une conviction c’est que encore si peu, si peu de temps, et celui qui vient sera là ; il ne tardera pas » 10,37. Le délai qui nous est laissé avant cette venue est un sursis qui nous est accordé dans une perspective de paideia correction, afin que mûrisse en nous cette diathêkë kainê alliance nouvelle, aujourd’hui encore un peu jeune diathêkê nea 12,24. Mais, le temps passant, cette argumentation devra être précisée. A une théologie de l’imminence devra se substituer une théologie de la permanence. Le commentaire de l’épître aux Hébreux par Thomas d’Aquin nous en offre un bel exemple. II. Le commentaire d’Hébreux 8 et 10 par Thomas d’Aquin 22 É. Cothenet, L’œuvre exégétique de saint Thomas d’Aquin », Esprit et Vie, 80 avril 2003, 2e quin ... 26Alors que l’œuvre théologique et philosophique du docteur angélique a été étudiée à maintes reprises, son œuvre exégétique l’a été beaucoup moins. C’est tout récemment qu’ont été publiés, aux Editions du Cerf, le Commentaire sur les Psaumes 1996, le Commentaire sur l’Évangile de saint Jean, t. I 1998, le Commentaire de l’épître aux Romains 1999, le Commentaire de la Première épître aux Corinthiens 200222 ainsi que, dernièrement, le Commentaire de la Deuxième épître aux Corinthiens 2005. La seule traduction française du Commentaire de l’épître aux Hébreux reste celle de l’abbé Bralé 1874. 23 G. Berceville, Le sacerdoce du Christ dans le Commentaire de l’épître aux Hébreux de saintThomas ... 24 Les références au Commentaire de S. Thomas d’Aquin sont données à deux éditions Opéra omnia, éd. ... 27Thomas a probablement donné son cours sur l’épître aux Hébreux dans les années 1265-126823. Il précise d’abord l’objet » de celle-ci Dans cette épître, il [l’Apôtre] fait ressortir la grâce même dans le chef de l’Église, c’est-à-dire en Jésus-Christ24. » Les versets 8-12 du chapitre 8, reproduisant la citation de Jr 3138,31-34, sont commentés par Thomas dans les leçons II et III de la section de son ouvrage consacrée à ce chapitre. 28C. Spicq observe que Thomas intègre nettement l’exégèse à la théologie 25 C. Spicq, Thomas d’Aquin saint. VI. Saint Thomas d’Aquin exégète », Dictionnaire de Théologie c ... l’exégèse de saint Thomas est théologique en ce sens que le texte biblique est exploité en vue de fournir un argument aux thèses théologiques ; l’exégète dégage du donné révélé des arguments scripturaires, soit que ceux-ci servent de base au raisonnement, soit qu’ils appuient une conclusion établied’avance25. 29Il faut donc comprendre le commentaire de Thomas en tenant l’exégèse pour servante de la théologie ». Aussi, dans notre analyse des deux passages citant l’oracle de Jr 31,31-34, nous nous intéresserons d’abord à la méthode exégétique He 8,6-13, ensuite à quelques aspects plus théologiques He 10,11-39. Mais, en tout premier lieu, sur quel texte biblique Thomas travaille-t-il ? 1. Le texte biblique de Thomas 26 Avant son départ pour Paris en 1252, Thomas d’Aquin avait, dans son commentaire du livre de Jérémie ... 27 C. Spicq, Esquisse d’une histoire de l’exégèse latine au Moyen Age, Paris, J. Vrin, 1944, p. 198. 30Comme ses contemporains, Thomas ne possède que le texte latin de la Vulgate. S’il mentionne des variantes26, c’est chez ses devanciers qu’il les rencontre et non sur des manuscrits ; il ignore le grec et l’hébreu27. Notons les cas suivants pour l’exégèse de He 8,8-12. 31a. Thomas compare feriam de Jr 31,31 à consummabo de He 8,8 28 Éd. Vivès, p. 653 ; Éd. Marietti, p. 422, n° 395 s. C’est là l’autorité du prophète Jérémie, où on ne la trouve pas tout à fait dans ces termes, mais avec très peu de changements. On y lit [...] Je ferai une nouvelle alliance feriam foedus novum [...] », [...] l’Apôtre dit Je mènerai à sa perfection consummabo. »Ad Hebraeos [Ad Hebr.], chapitre 8, leçon 228. 32b. Thomas met également en parallèle neglexi je les ai méprisés He 8,9 et dominatus sum je leur ai fait sentir ma domination Jr 31,32. 33c. Il repère un pluriel mes lois » He 8,10 face au singulier ma loi » Jr 31,33. 34d. Lorsqu’il reproduit les mots leurs péchés », au pluriel He 8,12, il indique qu’il existe une autre version le singulier, leur péché » Jr 31,34 ; c’est alors du péché originel qu’il s’agit. 29 Torrell, Saint Thomasd’Aquin, maître spirituel. Initiation 2, Fribourg, Éd. Universitaires, P ... 35Quant à la canonicité de l’épître, elle est assurée pour Thomas par l’usage de l’Église. Aussi, le prologue de son commentaire ne retient comme question exégétique que celle de l’authenticité. Il en donne une analyse très historico-positive29 », mettant notamment en avant le critère du style. Ainsi la Somme explique-t-elle les différences de style entre cette épître et les autres par le fait que ces dernières auraient été écrites en grec et celle-là en hébreu, langue maternelle de Paul La Glose dit, en effet, au sujet de l’épître aux Hébreux il n’est pas étonnant que cette épître soit plus éloquente que les autres. Il est en effet naturel à chacun de mieux parler sa propre langue qu’une langue étrangère. Or les autres épîtres, l’Apôtre les a composées dans une langue étrangère, le grec, mais celle-ci il l’a écrite en hébreu. IIa-IIae, q. 176, a. 1. 2. Thomas d’Aquin et He 8, 6-13 36Dans le commentaire sur He 8,6-13, nous observons deux particularités qui, sans être propres à Thomas, jouent chez lui un grand rôle. L’exégèse thomasienne accorde d’une part une importance décisive à la division du texte » et postule d’autre part l’unité organique du texte biblique. a La division du texte » 30 Jésus-Christ, grand prêtre de l’ancienne et de la nouvelle alliance. Étude théologiqu ... 37La division du texte » est, sans doute, la particularité de l’exégèse thomasienne la plus importante par ses conséquences. Son unique but étant de nourrir la foi du lecteur, Thomas met tout en œuvre pour lire l’Écriture sainte dans l’Esprit qui l’a inspirée. Pour lui, rechercher l’intention de l’auteur », grâce à la division du texte, c’est rechercher la vérité déjà donnée par la Révélation30. 38Tout cela peut nous surprendre, habitués que nous sommes à parler de plan » ou de structure » plutôt que de division du texte », comme à ne pas tenir compte du fait que, pour Thomas, l’interprétation doctrinale du texte saint dans l’Église appartient au sens littéral. A. Guggenheim précise bien la différence de point de vue entre l’exégèse médiévale et l’exégèse moderne en écrivant 31 Ibid., p. 673, n. 46. Le P. Vanhoye a mis en évidence avec rigueur une structure littéraire du texte de l’Epître aux Hébreux, en s’attachant avec attention à la détermination du sensus » du texte [...] En fait, la division du texte » des médiévaux ne se situe pas seulement au niveau de la structure » du texte ; elle passe peut-être trop vite à travers cette étape. Elle est surtout un acte d’interprétation de l’intention de l’auteur », de sa sententia31. 32 Éd. Vivès, p. 563 ; Éd. Marietti, p. 337, n° 6. 33 A. Vanhoye, Le message de l’épître aux Hébreux », Cahiers Évangile 19, Paris, 1977, p. 34. 34 Pour lui, écrit Vanhoye, la découverte de la structure littéraire d’une œuvre doit normalement pe ... 35 Guggenheim, Jésus-Christ, grand prêtre..., p. 564, n. 59. 39Ainsi A. Vanhoye, après une étude approfondie et avec de solides indices, a proposé une structure littéraire en cinq parties principales. Au Moyen Âge, Thomas divisait » l’épître en seulement deux parties He 1,1-10,39 supériorité du Christ et He 11,1-fin comment les membres doivent s’unir à la tête Ad Hebr. 1, l32. Cette différence d’approche se voit également dans la détermination du centre » de l’épître. Selon l’approche littéraire de Vanhoye, le nom du Christ grand prêtre a été choisi comme clef de voûte de toute la structure. Il est au point central 9,11 de la section centrale 8,1­9,28 de la partie centrale 5,11-10,3933. » Thomas d’Aquin, quant à lui, place le centre théologique en He 8,13 et conclut que l’auteur vise avant tout à démontrer la supériorité de la nouvelle alliance sur l’ancienne, proche de sa fin. Alors que l’exégète contemporain34essaie, en un premier temps, de détecter dans le texte les indices objectifs de sa structure, l’auteur médiéval réalise un acte herméneutique d’ensemble qui, tout en apparaissant plus personnel, se veut aussi en communion surnaturelle avec les auteurs de l’Écriture et ses commentateurs dans la foi de l’Église35. 36 G. Dahan, Introduction à Thomas d’Aquin, Commentaire de la première épître aux Corinthiens, trad. J ... 40La division du texte » va des plus grands ensembles jusqu’aux plus petites unités de sens versets ou fragments de versets. Le mode d’argumentation s’efforce de ramener le texte biblique à une suite de raisonnements36 et le commentaire de l’unité de base du sens prend souvent une forme analogue à celle d’un article de la Somme. A titre d’exemple, l’analyse de He 8, 11 se présente ainsi 37 Éd. Vivès, p. 655 ; Éd. Marietti, p. 424, n° 407 s. Quand l’Apôtre dit ensuite Et chacun d’eux n’aura plus besoin d’enseigner son prochain et son frère, » [...] Alors on objecte sed contra que l’Apôtre lui-même s’appelle le docteur des Gentils [...] Il faut répondre respondeo que ce qui est dit ici peut s’entendre de deux manières [...] Ad Hebr. 8, 337. 41C’est tout à fait le schéma scolastique affirmation - objection réponse à l’objection. Sous cette armature dialectique, la méthode employée consiste à expliquer l’Écriture par l’Écriture. b L’unité du texte biblique 42Pour interpréter un texte, écarter une objection, les médiévaux peuvent citer un tout autre texte de l’Écriture. La conclusion de l’article 3 de la question I de la Prima Pars est des plus explicites sur ce point La doctrine sacrée est bien une science une. [...] tout ce qui est connaissable par révélation divine s’unifie dans la raison formelle de cette science et, de ce fait, se trouve compris dans la doctrine sacrée comme dans une science unique. » La doctrine sacrée chez Thomas est la théologie en tant que science procédant rationnellement des premiers principes, soit les articles de foi, pour aller vers des conclusions vraies, déjà connues grâce à la Révélation. 38 Le chemin de la théologie chez Thomas d’Aquin, Paris, Beauchesne, 1974, p. 871. 43L’Écriture sainte est son propre interprète38. Le véritable sens littéral découle de l’analogie de la foi, selon laquelle la vérité d’un passage concorde avec la vérité d’un autre. C’est ainsi que le commentaire des six versets de He 8,8-13 compte 53 citations, complètes ou fragmentaires, d’Hébreux et de Jérémie, 51 citations d’autres textes de l’Écriture et d’Augustin, pour seulement 86 commentaires ou mots de liaison thomasiens. Au total, sur 190 groupes continus de mots », plus de la moitié sont des citations de l’Écriture ou d’Augustin. Trois exemples concrétiseront cette affirmation 39 Éd. Vivès, p. 654 s. ; Éd. Marietti, p. 424 s., n° 404 s. L’Apôtre dit donc He 8, 10 J’imprimerai mes lois dans leur esprit. » [...] C’est ce que fait le Saint Esprit I Jn, 2,27 Comme son onction vous enseigne toutes choses ; » Jn, 14,26 Le Saint Esprit vous enseignera toutes choses ».Parce que He 8,11 tous me connaîtront, depuis le plus petit jusqu’au plus grand », voilà indiquée la raison pour laquelle nul n’aura besoin d’enseigner son prochain et son frère, c’est que tous connaîtront le Seigneur » I Jn, 3,2 Nous le verrons tel qu’il est. » C’est dans cette vision que consiste la béatitude Jn 17,3 La vie éternelle consiste à vous connaître, vous qui êtes le seul Dieu véritable, et Jésus-Christ que vous avez envoyé. »En appelant donc He 8,13 cette alliance du nom de nouvelle, il a montré que la première vieillissait », c’est-à-dire il a donné à entendre que cette alliance était ancienne or ce qui se passe et vieillit est proche de sa fin ; » si donc l’ancienne alliance est telle, elle doit être rejetée Lv 26,10 Quand viendront les fruits nouveaux, vous rejetterez les vieux » Ad Hebr. 8, 2 s.39. 44Nous ne nous aventurerons pas à évaluer comparativement l’exégèse médiévale et l’exégèse contemporaine, car elles ne se situent pas au même stade de la lecture de la Parole de Dieu. Relevons simplement qu’en faisant de He 8,13 le centre théologique de l’épître aux Hébreux, Thomas déconcerte quelque peu, de prime abord, l’exégète moderne. L’effort herméneutique à réaliser face à son commentaire de He 10,11-39 est encore plus important, dans la mesure où, par la force des choses, Thomas doit substituer à une théologie de l’imminence une théologie de la permanence. 3. Thomas d’Aquin et He 10 45Sans reprendre tout le commentaire de He 10,11-39, limitons-nous à celui de cinq versets 10,26-29 et 37 particulièrement caractéristiques du passage d’une théologie de l’imminence à une théologie de la permanence. a He 10, 26-28 46Thomas écrit à propos de He 10,26 et des versets suivants 40 Éd. Vivès, p. 679 ; Éd. Marietti, p. 449, n° 516. quand l’homme a été réparé par la grâce, d’une manière complète, il est en son pouvoir d’éviter un péché mortel et même tel péché véniel en particulier ; [...] C’est ce qui fait dire à S. Paul [...] He 10,26 Il n’y a plus désormais d’hostie pour les péchés » [...]. C’est ainsi que, le baptême une fois reçu, on n’attend plus un autre baptême Ad Hebr. 10, 340. 47Alors que la mention du péché mortel » fait plutôt attendre une précision sur le sacrement de pénitence, Thomas rappelle le principe de la non-réitération du baptême. C’est sur ce point qu’il fait porter le caractère unique du sacrifice du Christ et non pas sur une pratique du sacrement de pénitence destinée à absoudre les péchés commis après le baptême, pratique que Thomas se garde bien de récuser. Il relève d’ailleurs dans la Somme Le baptême reçoit de la passion du Christ la vertu de produire une génération spirituelle liée à la mort spirituelle de la vie précédente. Mais il a été établi que les hommes ne meurent qu’une fois et ne naissent qu’une fois. Voilà pourquoi l’homme ne doit être baptisé qu’une fois. Mais la puissance que la pénitence reçoit de la Passion du Christ est une puissance de guérison spirituelle qui peut être souvent renouvelée. IIIa, q. 84, a. 10. 48On voit bien ici comment, pour tenir compte de la pratique ecclésiale de son temps, Thomas interprète le texte de He 10,26 s, distinguant fort judicieusement entre sacrement du baptême non réitérable la lettre d’Hébreux est maintenue et sacrement de pénitence qui peut être souvent renouvelé la pratique ecclésiale de son temps est confirmée. b He 10, 29 49L’explication de He 10,29 aurait pu amener le docteur angélique à traiter du péché d’apostasie. Or, il va placer son commentaire dans une perspective morale qui adoucit nettement le propos du verset de référence 41 Éd. Vivès, p. 680 s. ; Éd. Marietti, p. 450 s., n° 524 s. L’Apôtre dit v. 29 Combien donc croyez-vous que celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu sera jugé digne d’un plus grand supplice » [...] Celui [...] à qui la foi a été annoncée et qui la méprise est puni plus sévèrement, parce que le péché d’infidélité est très grave. Si donc nous établissons une comparaison entre le chrétien et le juif qui ne méprise pas la loi, et que l’un et l’autre soient coupables d’adultère, le chrétien sera puni plus sévèrement que le juif, parce que le premier est châtié non seulement pour le péché d’adultère, mais encore parce qu’il montre une plus grande ingratitude Ad Hebr. 10, 341. 50Ce qui constituait, pour Hébreux, un couperet christologique devient ainsi, pour Thomas, une exhortation morale à l’adresse de chrétiens qui, ayant plus reçu, doivent se sentir les destinataires d’exigences morales plus grandes. 42 L’intervention divine est également donnée comme imminente en He 10,25 Ne désertons pas nos ass ... 51Mais, évidemment, c’est dans le commentaire de He 10,37 que le passage d’une théologie de l’imminence42 à une théologie de la permanence se fait le mieux sentir. c He 10, 37 52Thomas porte sa réflexion métaphysique et théologique sur le statut des croyants, quel que soit le temps où ils vivent. Il tient également compte d’un temps historique qui dure et, selon toute apparence, est appelé à durer encore longtemps. Pour légitimer la lettre de He 10,37, non seulement il relativise la durée par rapport à l’éternité - 2 P 3,8 le fait aussi en citant Ps 90,4 - mais il introduit la distinction entre jugement universel et jugement particulier, distinction inconnue de l’épître aux Hébreux 43 Éd. Vivès, p. 684 s. ; Éd. Marietti, p. 454, n° 545 et 547. Quand l’Apôtre ajoute v. 37 Parce que, encore un peu de temps, etc. ; »[...] il y a deux espèces d’avènement du Seigneur, ainsi qu’il y a deux sortes de jugement, l’un général, [...], bien qu’il y ait encore un grand laps de temps par rapport à la durée et par rapport à nous, il est court toutefois par comparaison à l’éternité Ps. 89,4 Devant vos yeux, mille ans sont comme le jour d’hier qui est passé ; » [...] En second lieu, quant au jugement particulier, qui se fait à la mort, [...] il importe peu qu’il y ait encore beaucoup ou peu de temps, car chacun sera tel à ce jugement qu’il sera sorti de la vie Ad Hebr. 10,443. 44 Les théologiens, Thomas en tête, ne forcent pas la distinction entre les deux jugements Tout en ... 53Il convient de préciser que l’eschatologie thomiste est nettement anti-millénariste. La nuance entre les deux jugements est à comprendre dans cette perspective44. La pérennité, distinguée de l’imminence, signifie que l’âge ultime est déjà là, dans le temps de l’Église, et qu’il y a un seul événement eschatologique, la seconde venue du Christ lors du jugement dernier. 4. L’ alliance nouvelle » chez Thomas d’Aquin 45 L. J. Elders, La relation entre l’ancienne et la nouvelle Alliance selon saint Thomas d’Aquin », ... 46 A. Guggenheim, Vérité et figure », RThom, 104 2004, p. 234. 54L’épître aux Hébreux est au cœur des rapports entre les deux Testaments. Or, c’est en figures que l’ parle du Christ, alors que le en apporte la réalité45. Dans son commentaire de l’épître, Thomas donne de comprendre plus précisément, à l’aide de la figure vétérotestamentaire de l’entrée du grand prêtre dans le Saint des Saints, le lien de la Passion et de la Résurrection du Christ avec l’inauguration de l’Alliance nouvelle46 ». Son commentaire scripturaire est à lire en dialogue avec la Somme théologique. Celle-ci énonce que le sang du Christ a été donné aux hommes de deux façons. D’abord en figure, ce qui appartient à l’ancienne alliance. [...] Ensuite le sang du Christ a été donné aux hommes dans sa réalité, ce qui revient à la nouvelle alliance. » IIIa, q. 78, 55Le rapport entre la loi ancienne et la nouvelle correspond à celui de l’imparfait et du parfait La fin de la loi divine, c’est de conduire l’homme à sa fin, la félicité éternelle. Or [...] pareille tâche exige la grâce de l’Esprit Saint, [...] cette grâce, la loi ancienne ne pouvait la conférer, cela était réservé au Christ [...] Il s’ensuit que la loi ancienne était bonne, mais imparfaite, comme l’indique l’épître aux Hébreux 7,19 La loi n’a rien conduit à la perfection. » I-IIae, q. 98, a. 1. 56 Loi ancienne » et ancienne alliance » sont liées. Le lien est encore plus fort entre nouvelle Alliance », loi de grâce » et don de l’Esprit-Saint ». Ce qui prime dans la loi de la nouvelle alliance, ce en quoi réside toute son efficacité, c’est la grâce du Saint-Esprit, donnée par la foi au Christ. [...] Nul n’a jamais possédé la grâce du Saint-Esprit si ce n’est par la foi au Christ, explicite ou implicite. Or, par la foi au Christ, on appartient à la nouvelle alliance. Il s’ensuit que tous ceux en qui fut déposée cette loi de grâce appartenaient de ce fait à la nouvelle alliance. I-IIae, q. 106, a. 1. 57La loi nouvelle est une réalité intérieure. Le principal en elle est la grâce du Saint-Esprit. Le docteur angélique réalise ainsi un approfondissement de la figure de la nouvelle alliance » le cœur de la loi nouvelle, et donc de la nouvelle alliance, c’est la grâce. Sa grande nouveauté, en regard de l’épître commentée, c’est qu’il instaure son discours théologique comme un traité eschatologique sur le dessein de salut subordonné à l’unique notion de grâce mais aussi comme un discours permanent, historiquement adapté à une chrétienté appelée à durer dans un temps qui est loin d’être arrivé à son terme. 58Nul ne contestera que la notion d’alliance soit centrale dans l’Ancien Testament et même d’une façon plus large dans la Bible chrétienne tout entière, ainsi que dans la réflexion théologique postérieure. Cependant cette notion d’alliance n’est pas monolithique ; elle a été l’objet constant de relectures. Le présent article a voulu le montrer en suivant, à partir des versions septuagintale et massorétique du livre de Jérémie, le parcours de la figure de l’ alliance nouvelle » dans l’épître aux Hébreux, puis dans le commentaire de l’épître aux Hébreux dû à Thomas d’Aquin. 59Dans la version grecque du livre de Jérémie, les Israélites ne sont pas demeurés dans l’Alliance. Mais si Dieu montre du désintérêt pour eux, il ne rejette pas Israël. Il veut à nouveau conclure une alliance, inscrite cette fois dans le cœur de chacun. 60Le texte massorétique de Jérémie souligne plus nettement le contraste entre le caractère éternel de la fidélité du Seigneur envers Israël et la responsabilité exclusive du peuple dans la rupture. Mais, à cette propension congénitale du peuple à la faute, il y a un antidote l’institution sacerdotale et son système très élaboré d’expiation. 61L’épître aux Hébreux, quant à elle, articule les deux aspects, septuagintal et massorétique, de la figure de la nouvelle alliance » d’une façon des plus originales. Au plan matériel, le texte de référence est le texte septuagintal, quelque peu retouché ; mais, au plan réflexif, l’auteur nous situe dans un contexte nettement cultuel et sacerdotal. Il établit d’abord le sacerdoce éternel du Christ puis passe à la nouveauté de l’Alliance scellée dans le sang de celui-ci, avant de terminer en soulignant son caractère non réitérable Et comme le sort des hommes est de mourir qu’une seule fois 9,27, [...] il ne nous reste plus pour les péchés aucun sacrifice, mais seulement une attente terrible du jugement 10,27 ». Cette recontextualisation fait subir une mutation complète à l’oracle vétéro-testamentaire. Pour l’épître, le Christ ne reviendra plus pour le péché mais pour le jugement. Pour ceux qui ont péché, en particulier ceux qui ont déserté l’assemblée, il n’y a plus de rémission. 47 Même si C. Spicq estime qu’il n’a manqué que deux choses aux exégètes du Moyen Age une science ... 62Cependant, le temps passe, sans que le Seigneur revienne. On ne peut plus dire que la nouvelle alliance est une alliance jeune He 12,24. Il faut assumer la réalité d’un temps qui dure, une perspective que l’auteur de l’épître n’avait pas envisagée, du moins explicitement He 10,37. Thomas d’Aquin, dans son commentaire, fait donc subir une mutation à la notion d’alliance nouvelle. Ce qu’Hébreux présentait comme un discours adapté à l’urgence et à l’imminence de la fin, il l’approfondit en theologia perennis. Il y a passage, discret et mesuré47, d’une théologie s’inscrivant dans le contexte d’une attente eschatologique imminente à une théologie de chrétienté soucieuse d’établir le caractère permanent d’un système fait pour durer dans le temps. Son commentaire d’He 10,37 est particulièrement révélateur de ce point, avec la distinction des deux jugements, général et particulier ; l’exhortation à veiller prend le relais de l’adjuration à ne pas déserter. 63Reste bien sûr ouverte la question de savoir comment relire aujourd’hui cette figure de l’alliance nouvelle. Prenons-en acte, l’idéal de la chrétienté médiévale est loin. On peut certes essayer de retrouver l’idée originelle de Jérémie dans la version septuagintale la vie chrétienne se vit d’abord dans l’intériorité. Mais la foi ne peut pas être une réalité exclusivement privée. Une visibilité palpable du religieux est nécessaire dans la société actuelle. Des structures sont souhaitables qui soient signes en même temps que témoins du caractère unique de la personne du Christ. Il importe également que les croyants assument leur finitude et s’impliquent avec persévérance dans l’aléatoire du quotidien. Comme le disait déjà l’épître aux Hébreux, c’est d’endurance dont vous avez besoin pour accomplir la volonté de Dieu et obtenir ainsi la réalisation de la promesse. » 10,36. Tout cela n’est-il pas d’une brûlante actualité ? À nous de chercher le visage qui actualise au mieux ces convictions. Top of page Notes 1 P. Buis, La notion d’alliance dans l’Ancien Testament, Paris, Éd. du Cerf, 1976 ; A. Jaubert, La notion d’alliance dans le judaïsme aux abords de l’ère chrétienne, Paris, Éd. du Seuil, 1963. 2 B. Renaud, Nouvelle ou éternelle alliance ? Le message des prophètes, Paris, Éd. du Cerf, 2002, p. 11. 3 Voir Lévitique et Ps 106,30. 4 En Jr 33,18 TM, nous lisons Il ne manquera jamais aux prêtres lévitiques des hommes qui se tiendront en ma présence, faisant monter les holocaustes, brûlant des offrandes et célébrant des sacrifices tous les jours. » 5 Jr 31, 35 TM se réfère aux lois cosmiques d’organisation immuable du cosmos et Jr 38, 35 LXX aux lois régissant Israël et auxquelles ce peuple n’a pas été fidèle Bogaert, Lois et alliance nouvelle dans les deux formes conservées du livre de Jérémie Jr 31,31-37 TM ; 38, 31-37 LXX », dans C. Focant éd., La Loi dans l’un et l’autre Testament, Paris, Ed. du Cerf, 1997, p. 89 s. 6 Bogaert, Le livre de Jérémie en perspective les deux rédactions antiques selon les travaux en cours », Revue Biblique, 101 1994, p. 383. 7 Voir Sonnet, Inscrire le nouveau dans l’ancien. Exégèse intra-biblique et herméneutique de l’innovation », Nouvelle Revue Théologique, 128 2006, p. 3-17 ; Levtnson, L’herméneutique de l’innovation. Canon et exégèse dans l’Israël biblique, Bruxelles, Éd. Lessius, 2006. 8 S. Benetreau, L’épître aux Hébreux, Vaux-sur-Seine,Édifac, t. 2,1990, p. 85. 9 L’auteur se sert de la polysémie de diathêkë pour réaliser un glissement sémantique, temporaire, à partir du sens d’ alliance », sens qu’il a eu précédemment dans l’épître, jusqu’à celui de testament » He 9,15. Ce procédé lui permet d’introduire le thème de la mort du Christ, dont nous sommes appelés à recevoir l’héritage éternel déjà promis » He 9,15-18. 10 Le grec dispose de deux adjectifs pour exprimer la nouveauté. Bien que C. Spicq estime qu’ ils sont synonymes dans la langue de notre auteur » L’Épître aux Hébreux, Paris, Gabalda, Études Bibliques », vol. I, 1952, p. 15, il y a une nuance entre les deux termes neos, nouveau dans le temps, neuf, jeune d’où aussi, sans maturité ; kainos, nouveau dans sa nature, donc qualitativement meilleur. Les deux mots sont appliqués dans la Bible aux réalités du salut le premier souligne leur caractère de présence récente par rapport au passé » art. Nouveau », dans Vocabulaire de théologie biblique, X. LÉon-Dufour dir., Paris, Éd. du Cerf, 19774, col. 840. Voir aussi TOB, p. 2947, note w., à cette nuance près que neos ne signifie pas seulement rayonnante de jeunesse », mais aussi un peu verte », qui a besoin de vieillir » voir le rôle de la paideia développé en He 12. 11 S’ajoute un épilogue He 13, 20-25 qui ne fait pas partie de l’homélie proprement dite. 12 Nous suivons, pour l’essentiel, A. Vanhoye, La structure littéraire de l’épître aux Hébreux, Paris, Desclée de Brouwer, 19762, p. 59 et Lane, Hebrews, Dallas, Word Books Publisher, t. 1, 1991, p. CII s. Cependant, nous adoptons la variante avancée par plusieurs exégètes qui rattachent la parénèse 10, 19-39 à la quatrième partie de l’épître P. Grelot, Une lecture de l’épître aux Hébreux, Paris, Éd. du Cerf, 2003, p. 10 s. et Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, Paris, Bayard, 2000, p. 736. L’exhortation à la vie croyante introduit en effet le chapitre 11 consacré à l’exemple des hommes de foi. 13 S. Kistmaker, The Psalm Citations in the Epistle to the Hebrews, Amsterdam, Van Soest, 1961, p. 40-42 et P. Ellingworth, The Epistle to the Hebrews. A Commentary on the Greek Text, Grand Rapids, Vm. B. Eerdmans Publishing Co., 1993, p. 412-417. 14 La teleiôsis vise en fait la qualité de prêtre sauveur acquise par le Christ du fait de sa Passion » Beaude, Sacerdoce. IV. Le Nouveau Testament. B. Le sacerdoce du Christ dans l’épître aux Hébreux », dans Supplément au Dictionnaire de la Bible, X, Paris, Letouzey, 1985, col. 1326. 15 Spicq, L’épître aux Hébreux, vol. 11, 1953, p. 243. 16 La loi dans l’épître aux Hébreux », dans Focant éd., La Loi dans l’un etl’autre Testament, p. 288, n. 1. 17 Tout en restant globalement très fidèles à la LXX, les manuscrits d’Hébreux présentent entre eux quelques variantes que relève la critique textuelle voir A Textual Commentary on the Greek New Testament A Compagnon Volume to the United Bible Societies’ Greek New Testament fourth revised édition, Stuttgart, Deutsche Bibelgesellschaft, 1994\ p. 597 ; Attridge, The Epistle to the Hebrews, p. 225 s. 18 Le Dieu de la nouvelle alliance dans l’épître aux Hébreux », dans J. Coppens éd., La Notion Biblique de Dieu. Le Dieu de la Bible et le Dieu des philosophes, Leuven, 1976, p. 325. 19 C. Spicq, La théologie des deux alliances dans l’épître aux Hébreux », Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques, 33 1949, p. 24-29. 20 Ibid., p. 26. 21 Michaud, L’épître aux Hébreux aujourd’hui », dans M. Gourgues et L. Laberge éd., De bien des manières ». La recherche biblique aux abords du XXIe siècle [Actes du Cinquantenaire de l’ACEBAC - 1943-1993], Paris et Montréal, Éd. du Cerf et Fides, 1995, p. 401. 22 É. Cothenet, L’œuvre exégétique de saint Thomas d’Aquin », Esprit et Vie, 80 avril 2003, 2e quinzaine, p. 8. 23 G. Berceville, Le sacerdoce du Christ dans le Commentaire de l’épître aux Hébreux de saintThomas d’Aquin »,Revue Thomiste [ =RThom],99 1999, p. 144. 24 Les références au Commentaire de S. Thomas d’Aquin sont données à deux éditions Opéra omnia, éd. Vivès, tome 21, Paris, 1876, p. 562 p. 561-734 ; Super epistolas S. Pauli lectura, Éd. Marietti, vol. 11, Turin, 19538, p. 336 p. 335-506, n° 4. 25 C. Spicq, Thomas d’Aquin saint. VI. Saint Thomas d’Aquin exégète », Dictionnaire de Théologie catholique, XV, Paris, Letouzey et Ané, 1946, col. 719 s. 26 Avant son départ pour Paris en 1252, Thomas d’Aquin avait, dans son commentaire du livre de Jérémie, consacré quelques lignes à Jr 31, 31-34 In Jeremiam prophetam expositio, dans Opéra omnia, éd. Vivès, tome 19, Paris, 1876, p. 174. 27 C. Spicq, Esquisse d’une histoire de l’exégèse latine au Moyen Age, Paris, J. Vrin, 1944, p. 198. 28 Éd. Vivès, p. 653 ; Éd. Marietti, p. 422, n° 395 s. 29 Torrell, Saint Thomasd’Aquin, maître spirituel. Initiation 2, Fribourg, Éd. Universitaires, Paris, Éd. du Cerf, 20022, p. 3. 30 Jésus-Christ, grand prêtre de l’ancienne et de la nouvelle alliance. Étude théologique et herméneutique du commentaire de saint Thomas d’Aquin sur l’Épître aux Hébreux, Paris, Parole et Silence, 2004, p. 639. 31 Ibid., p. 673, n. 46. 32 Éd. Vivès, p. 563 ; Éd. Marietti, p. 337, n° 6. 33 A. Vanhoye, Le message de l’épître aux Hébreux », Cahiers Évangile 19, Paris, 1977, p. 34. 34 Pour lui, écrit Vanhoye, la découverte de la structure littéraire d’une œuvre doit normalement permettre une étude plus objective de son contenu de pensée » La structure littéraire..., p. 237. 35 Guggenheim, Jésus-Christ, grand prêtre..., p. 564, n. 59. 36 G. Dahan, Introduction à Thomas d’Aquin, Commentaire de la première épître aux Corinthiens, trad. Stroobant de Saint-Éloy, Paris, Éd. du Cerf, 2002, p. xxx. 37 Éd. Vivès, p. 655 ; Éd. Marietti, p. 424, n° 407 s. 38 Le chemin de la théologie chez Thomas d’Aquin, Paris, Beauchesne, 1974, p. 871. 39 Éd. Vivès, p. 654 s. ; Éd. Marietti, p. 424 s., n° 404 s. 40 Éd. Vivès, p. 679 ; Éd. Marietti, p. 449, n° 516. 41 Éd. Vivès, p. 680 s. ; Éd. Marietti, p. 450 s., n° 524 s. 42 L’intervention divine est également donnée comme imminente en He 10,25 Ne désertons pas nos assemblées, [...] mais encourageons-nous et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le Jour. » 43 Éd. Vivès, p. 684 s. ; Éd. Marietti, p. 454, n° 545 et 547. 44 Les théologiens, Thomas en tête, ne forcent pas la distinction entre les deux jugements Tout en maintenant une certaine distinction conceptuelle entre jugement particulier et jugement général, ne pourrait-on pas toutefois se demander si en réalité ils ne coïncideraient pas au point de s’identifier ? En effet, au-delà de la mort, on ne se trouve plus soumis aux catégories spatio-temporelles de notre monde. 11 n’y a plus de temps. » P. Adnès, Jugement », Dictionnaire de Spiritualité, Paris, Beauchesne, VIII, 2,1974, col. 1588. De même, toute théologie qui se veut proche de la révélation biblique refusera de parler de deux jugements différents. En fin de compte, tout l’accent est placé sur le jugement particulier de chaque homme après sa mort, et le jugement général n’en est, à proprement parler, que la confirmation publique devant le monde entier » H. Urs von Balthasar, La dramatique divine. 4. Le dénouement, Namur, Culture et Vérité, 1993, p. 318. 45 L. J. Elders, La relation entre l’ancienne et la nouvelle Alliance selon saint Thomas d’Aquin », RThom, 100 2000, p. 582. 46 A. Guggenheim, Vérité et figure », RThom, 104 2004, p. 234. 47 Même si C. Spicq estime qu’il n’a manqué que deux choses aux exégètes du Moyen Age une science philologique exacte et surtout le sens historique » Esquisse d’une histoire..., p. 374, Thomas d’Aquin atteint un sommet de synthèse entre exégèse et théologie, une ébauche de théologie biblique, intermédiaire entre l’empirisme des constatations de l’histoire et la construction systématique » H. de Lubac, Exégèse médiévale. Les quatre sens de l’Écriture, t. 4, Paris, Aubier, 1964, p. 295. Par la suite, même si elle est souvent distinguée de l’exégèse, la théologie sera solidaire des voies et moyens des pédagogies textuelles de la culture contemporaine » Chenu, La théologie comme science au XIIIe siècle, Paris, J. Vrin, 19573, p. 16.Top of page References Bibliographical reference François Tonon, “L’ Alliance nouvelle » dans l’épître aux Hébreux et son commentaire par Thomas d’Aquin”, Revue des sciences religieuses, 82/2 2008, 179-197. Electronic reference François Tonon, “L’ Alliance nouvelle » dans l’épître aux Hébreux et son commentaire par Thomas d’Aquin”, Revue des sciences religieuses [Online], 82/2 2008, document Online since 05 May 2013, connection on 27 August 2022. URL DOI of page Copyright All rights reservedTop of page Lalettre tue mais l’esprit vivifie . Cette règle d’Ambroise rapportée par Saint Augustin dans le livre VI des confessions m’est revenue à l’esprit quand j’ai appris l’initiative du père jean Philippe Fabre de lancer le MOOC Sinod. Ce cours en ligne est destiné à tous ceux qui désirent comprendre plus clairement le fonctionnement de la Bible pour mieux puiser le sens et la
…car la lettre tue, mais l’esprit vivifie. 2 Cor 36 Si vous avez un peu de “bouteille” dans le milieu évangélique, vous avez surement déjà dû entendre le verset de 2 Corinthiens 36. Il est en effet régulièrement utilisé pour justifier n’importe quelle “interprétation par l’Esprit,” ou bien pour objecter à une lecture trop directe » de la Parole de Dieu, perçue comme trop conservatrice. Bien entendu, cette portion de verset a un tout autre sens dans son contexte immédiat. Mais si vous êtes exaspéré de l’utilisation détournée qui est faite de ce passage, sachez que 1 vous n’êtes pas seul, et 2 cetta pratique n’est pas nouvelle. Calvin lui-même dénonçait les ravages de la “méthode d’Origène” en commentant ce passage Ce passage a été tordu et interprété de manière profondément erronée, premièrement par Origène, puis ensuite par d’autres… Cette erreur a été la source de bien des maux. Non seulement cela a ouvert la porte à la falsification du sens naturel de l’Ecriture, mais cela a également élevé l’allégorie au rang des plus grandes vertus. Dès lors, beaucoup d’anciens auteurs ont, sans se restreindre, joué à toutes sortes de jeux avec la Sainte Parole de Dieu, comme s’ils se jetaient une balle les uns aux autres. Cela a aussi donné aux hérétiques l’opportunité de jeter le trouble dans l’Eglise. En effet, dès l’instant où c’était une pratique acceptée par quiconque voulant interpréter un passage à sa manière, n’importe quelle idée folle, bien qu’absurde ou monstrueuse, pouvait être introduite sous prétexte d’allégorie. 1 D’ailleurs, Calvin n’était pas franchement très enthousiaste avec la méthode herméneutique d’Origène. Lisez plutôt Nous devons… entièrement rejeter les allégories, qu’elles soient d’Origène ou d’autres comme lui, que satan, non sans une profonde subtilité, s’est efforcé de faire rentrer dans l’Eglise dans le but de rendre la doctrine de l’Ecriture ambigüe et destituée de toute certitude et fermeté. 2 Si donc vous êtes découragé par l’usage que l’on fait généralement de ce verset, souffrez donc avec Calvin, et expliquez son sens pourtant très clair à vos amis qui s’en servent de manière erronée. Notes et références 1 Calvin, Commentaire sur 2 Cor 36. Traduit de l’anglais, la version française ne nous était pas accessible !! 2 Calvin, Commentaire Gen 28. Traduit de l’anglais, la version française ne nous était pas accessible !!

Lalettre tue mais l'Esprit vivifie Comprendre cette affirmation biblique. La lettre tue mais l'Esprit vivifie. Comprendre cette affirmation biblique. Comment, la foi en Christ, suscitée par l'Esprit, donne la vie éternelle, en accord avec la Lettre

Ilsse situent principalement dans l’épître aux Hébreux et dans les récits de la Cène, sans oublier 2 Co 3,6 : « [Dieu] nous a rendus capables d’être ministres d’une alliance nouvelle, non de la lettre, mais de l’esprit ; car la lettre tue, mais l’Esprit vivifie ». Lalettre tue, mais l’esprit vivifie. Il ne faut pas expliquer cela à la lettre. Cela se doit entendre à la lettre. Il ne faut pas prendre cela à la lettre, au pied de la lettre. Il s’arrête trop à la lettre. Nousdevons étudier et lire la Bible en prière, en exerçant notre esprit. La lecture intellectuelle tue, mais la lecture en prière donne la vie. Plus on lit la Bible en prière, plus on a le sentiment profond que quelque chose coule, vivifie, ravive, éclaire et fortifie. [] Plus on lit la Parole dans la prière, plus on est vivifié LaLettre Tue, mais l'Esprit Vivifie - The Letter KIlls, but the Spirit gives life 1L a version de 1812 de Point de Lendemain de Vivant Denon débute par cette épigraphe biblique qui peut surprendre à l’entrée d’un texte libertin : « La lettre tue mais l’esprit vivifie ».. 2 Il s’agit d’un emprunt à la Deuxième lettre aux Corinthiens (3 :6) de Saint Paul. Dans la Somme théologique, Saint Thomas commente la sentence de Saint Paul en ces termes :
Lalettre tue mais l'esprit vivifie. Église Nouvelle Création. 7 octobre, 17:18 · Voici un extrait du message sur le thème: Le Silence des Agneaux. Nous vous attendons ce dimanche à 15h sur place. Inscrivez-vous dès maintenant:
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